Aider, soigner, et encore aider

Et une autre: dans les deux cas, on en a beaucoup parlé cette semaine.

L’itinérance, parce qu’il y a eu un sommet sur la question à Québec, convoqué par l’Union des municipalités du Québec, et qu’une étude a été publiée à ce sujet jeudi, où on a appris que leur nombre était en croissance fulgurante en Outaouais, mais aussi en hausse partout au Québec, notamment dans les Laurentides, en Estrie et en Montérégie.

Benoît Lauzon, à cause de la publication par Les Coops de l’information, sous la plume de Justine Mercier du Droit, d’un long reportage sur sa mort après une erreur médicale et la maltraitance dont il avait été victime dans la ressource chapeautée par le réseau de la santé où il habitait à Gatineau. Une résidence privée dont les propriétaires avaient déjà eu maille à partir avec le réseau de la santé ailleurs au Québec, dans Lanaudière plus précisément.

Dans les deux cas, on a ainsi le même constat: le réseau de la santé et des services sociaux ne remplit pas son mandat aussi bien qu’il le devrait.

Parce qu’on n’investit pas dans les ressources – soins en santé mentale surtout, travail social — et les infrastructures nécessaires – construction, aménagement, de logements abordables voire dotés de services de soins — pour aider les personnes qui aboutissent en situation d’itinérance.

Et parce qu’on n’investit pas assez de temps, d’argent, d’énergie, d’expertise, dans le réseau de la santé, pour qu’il n’échappe pas des cas comme celui de Benoît Lauzon.

Pourquoi est-ce que le réseau de la santé n’a pas de liste de gestionnaires de ressource imparfaits, afin que toutes les régions soient au courant des faiblesses à surveiller de près? Pourquoi est-ce qu’une mère a dû porter plainte pour que des recherches soient déclenchées et attendre ensuite 16 mois avant de savoir que son fils avait reçu une dose de médicament cinq fois plus forte que ce qui était prescrit? Pourquoi est-ce que le suivi sur les lacunes de la ressource visée a été fait si lentement par le réseau de la santé?

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Autre point en commun: autant dans le cas de l’explosion de l’itinérance que dans le cas de Benoît Lauzon, on peut décortiquer les manquements à l’infini. Poser mille questions, dont les principales: pourquoi on ne fait pas plus pour aider les plus vulnérables? Pourquoi on est si imparfaits, si souvent?

Et si la réponse était dans notre propre cœur?

Il fut un temps où la religion, entre autres, communiquait intensément à tout le monde des messages d’entraide, de bienveillance.

Mais où sont ces messages aujourd’hui?

Où peut-on lire et entendre, qu’il faut partager ce qu’on a avec autrui? Qu’il ne faut pas tourner le regard quand on voit quelqu’un d’atypique? Quelqu’un comme Benoît Lauzon, 28 ans, en fauteuil roulant depuis sa tendre enfance, atteint de trisomie 21. Où nous rappelle-t-on que tout le monde mérite d’être aidé dans cette société où on a choisi, collectivement, d’avoir des filets sociaux?

Benoît Lauzon et les itinérants ont ça en commun entre eux: notre indifférence, voire notre mépris. Sauf quand on n’a pas le choix, on essaie de ne pas les voir.

Pourtant, ils sont comme nous.

Et on pourrait tous, si la vie décidait de jouer le genre de mauvais tour dont elle est capable, être comme eux. Un accident de voiture ou de travail qui paralyse, une maladie fulgurante, la rupture soudaine d’un anévrisme cérébral embusqué, et cetera, et cetera.

Du côté des sans-abri, la dégringolade des personnes qui finissent en situation d’itinérance n’est pas si hors du commun non plus. Les ingrédients sont souvent les mêmes: perte de revenu, dépendance, on ajoute des besoins de soins en santé mentale, d’encadrement, d’entraide, qui ne sont pas accessibles.

Aucune sorcière ne descend du ciel pour jeter un sort inéluctable sur le berceau des personnes qui aboutissent dans la rue. C’est le résultat d’un parcours semé d’embûches, mais aussi de carrefours où, à chaque fois, on pourrait aider les gens à faire le virage dans la bonne direction.

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On peut blâmer les politiques de ne pas faire leur boulot. Les grands gestionnaires de nos réseaux de santé et services sociaux aussi.

Et il faut leur répéter notre insatisfaction. Les talonner. Et surtout ne pas baisser le ton.

Mais il faut aussi que cette préoccupation soit constante et cohérente.

Il faut qu’elle apparaisse dans les sondages sur les intentions de vote, sur les taux de satisfaction, il faut qu’elle s’exprime dans les structures de partis, qu’elle soit amenée dans les conversations partout, de la plus humble rencontre de quartier aux grands sommets de nos dirigeants politiques et du monde des affaires.

Même si on n’est pas rendu comme ces grandes villes américaines où les parcs sont de véritables favelas de nylon et de polyester, des sociétés à part de tentes agglutinées, l’itinérance touche notre vie urbaine à tous, ici, en nous inquiétant et nous attristant. Et l’effritement de la qualité des soins en santé peut nous frapper tout un chacun en plein front demain matin si ce n’est pas déjà le cas.

Si les gouvernements qui se succèdent ne règlent pas les problèmes des plus vulnérables, c’est aussi parce qu’ils comptent sur notre indifférence.

Il faut y mettre fin.

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