Hôpital de Rochefort : Gérard Bonnin victime d’un médicament qui fait débat

Gérard Bonnin se rappellera le réveillon de 2020. Une soirée qui va changer sa vie. Hélas pas en mieux. Malgré ses 87 ans à l’époque, cet habitant de Fouras est en forme. Il conduit, bricole, entretient son jardin, a toute sa tête et voyage régulièrement. Ce soir-là, il a mal au ventre comme jamais.

Pas d’information

Il se rend donc aux urgences de l’hôpital de Rochefort. Le service est bondé, il faut attendre. Le mal va crescendo, mais le Fourasin préfère repartir au bout de quelques heures. Il ira plutôt voir son médecin. Dont acte le 7 janvier 2021. Elle l’envoie passer un scanner : le patient souffrant d’une appendicite compliquée reste à l’hôpital.

Mais Gérard Bonnin ne peut être opéré à cause d’une insuffisance cardiaque. Pendant quatre jours, il est mis sous perfusion…

Gérard Bonnin se rappellera le réveillon de 2020. Une soirée qui va changer sa vie. Hélas pas en mieux. Malgré ses 87 ans à l’époque, cet habitant de Fouras est en forme. Il conduit, bricole, entretient son jardin, a toute sa tête et voyage régulièrement. Ce soir-là, il a mal au ventre comme jamais.

Pas d’information

Il se rend donc aux urgences de l’hôpital de Rochefort. Le service est bondé, il faut attendre. Le mal va crescendo, mais le Fourasin préfère repartir au bout de quelques heures. Il ira plutôt voir son médecin. Dont acte le 7 janvier 2021. Elle l’envoie passer un scanner : le patient souffrant d’une appendicite compliquée reste à l’hôpital.

Mais Gérard Bonnin ne peut être opéré à cause d’une insuffisance cardiaque. Pendant quatre jours, il est mis sous perfusion, les antibiotiques font leur effet, la douleur passe. « Je repars avec une ordonnance signée par un interne qui me prescrit du Tavanic [ou lévofloxacine, NDLR] pour trois semaines. Sans autre d’explication », raconte l’homme de 90 ans aujourd’hui.

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Au bout de trois jours, il ne peut plus marcher, pris de douleurs dans les jambes. C’est hélas l’un des effets indésirables – rare – de cet antibiotique puissant de la famille des fluoroquinolones. Désormais renseigné, Gérard Bonnin se demande « pourquoi on m’a prescrit du Tavanic contre-indiqué en cas d’insuffisance cardiaque ». Un ami biologiste lui dit d’arrêter immédiatement « car ce médicament peut provoquer des handicaps irréversibles, particulièrement chez le sujet âgé ». Son médecin traitant confirme. « Elle m’a dit qu’elle n’aurait jamais choisi le Tavanic. Son seul pouvoir, c’était de me prescrire… un fauteuil roulant. »

Vraiment nécessaire ?

Retour à l’hôpital le 12 février 2021. « La chirurgienne reconnaît que le Tavanic n’a pas fonctionné. Heureusement, je n’en ai pris que trois jours ; où en serai-je après trois semaines ? » s’interroge Gérard Bonnin. Hélas, face au problème cardiaque qui persiste, l’appendicectomie ne peut être programmée.

« Maintenant, je suis cloué chez moi. Tous les jours, je souhaite crever »

Gérard Bonnin choisit de se faire soigner dans une clinique à Bordeaux. Du 6 au 10 avril, il y est opéré du cœur et de l’appendicite. Tout se passe bien. Mais l’usage des jambes ne reviendra pas. Et cela, Gérard Bonnin ne peut l’accepter. « Certes, j’ai 90 ans, mais jusque-là, j’étais autonome et j’avais une vie normale. Maintenant, je suis cloué chez moi, dépendant de ma femme de 87 ans qui subit mon irritabilité. Tous les jours, je souhaite crever. »

Gérard Bonnin va réagir. Au printemps 2021, il demande réparation à l’hôpital de Rochefort. Réponse six mois plus tard : « Il vous a été prescrit du lévofloxacine. Cet antibiotique peut provoquer des tendinopathies, c’est ce qui vous est malheureusement arrivé. » Puis, « le choix du traitement était nécessaire pour traiter votre pathologie, bien que ce type d’effets secondaires rares soit connu. » L’hôpital renvoie le patient vers son médecin ou la chirurgienne.

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Très fâché, Gérard Bonnin saisit la Commission de conciliation et d’indemnisation (CCI). Elle le convoque le 13 juin 2022 et douche ses espoirs. « J’ai répondu aux questions très limitées, mais je n’ai pas pu parler. Pour le soi-disant examen clinique, j’étais assis et tout habillé. »

Dans ses conclusions, l’expert écrit : « Le déficit fluctuant des deux psoas ne peut être imputable à la prise de Tavanic. » Même s’il déplore l’absence d’explications sur le Tavanic, « l’information sur les effets indésirables n’aurait pas empêché leur apparition ». Et si, parce qu’il avait été informé, le patient avait refusé le traitement ?

On lit encore, « l’administration d’antibiotique était indispensable. En l’absence de traitement, le décès était prévisible à court terme. » Pourtant, le patient a écourté son traitement et il est toujours vivant. Gérard Bonnin s’agace : « C’est du chantage, on veut m’expliquer que sans Tavanic, je serais mort. »

Un médicament sulfureux

Pourtant l’expert reconnaît que « les complications neuromusculaires liées aux fluoroquinolones sont bien connues et d’une fréquence de 1 sur 100 notamment chez le sujet âgé ». Gérard Bonnin avait 87 ans… Mais pour l’expert, « habituellement, ces manifestations sont réversibles ». Pourtant l’Agence nationale de sécurité du médicament, qui insiste sur la nécessaire information du patient, parle d’« effets secondaires invalidants, potentiellement graves, voire irréversibles ».

Depuis qu’il a pris du Tavanic, Gérard Bonnin ne peut plus marcher sans son déambulateur qui le cloue chez lui.
Depuis qu’il a pris du Tavanic, Gérard Bonnin ne peut plus marcher sans son déambulateur qui le cloue chez lui.

K. C.

Elle dit encore que « la prudence est recommandée lors d’un traitement par fluoroquinolones, dont le lévofloxacine, chez le sujet âgé ». En mars 2006, le Comité économique des produits de santé a estimé que les fluoroquinolones sont trop prescrits en France, et exigé que les labos en réduisent la pub auprès des toubibs. En 2018-2019, l’Agence européenne des médicaments a réévalué à la baisse le rapport bénéfice-risque des fluoroquinolones et restreint sévèrement leurs indications thérapeutiques.

Aujourd’hui, Gérard Bonnin doit accepter son handicap, malgré une voiture et une salle de bains inadaptées, et sa totale dépendance à son épouse. « Je m’ennuie à cent sous de l’heure. » Car la CCI ne lui accorde rien, jugeant qu’« il n’y a pas eu d’acte médical fautif ».

Gérard Bonnin, qui a écrit au président de la République, est amer. « En cas d’erreur médicale, le médecin est au-dessus des lois et le patient nié. » Celui qui est loin d’être la seule victime des fluoroquinolones n’a pas saisi le tribunal administratif, car « la procédure est longue et qui sait où je serai dans deux ans ». S’il revient à l’hôpital de Rochefort, « ce sera contre ma volonté ou dans le coma ».

Ce que dit l’hôpital

« Le centre hospitalier est soumis au secret médical et reste à ce titre restreint sur son droit de réponse. Il tient néanmoins à souligner que le service usagers a reçu les doléances de M. Bonnin. Sa réclamation a été instruite et a fait l’objet d’une réponse circonstanciée. La Commission de conciliation et d’indemnisation a été saisie dans le cadre de cette réclamation et l’expert a relevé l’absence de manquement de l’établissement, conclusions partagées par l’ensemble de l’équipe médicale du service. Le centre hospitalier regrette que les doléances de M. Bonnin perdurent malgré ces constatations. »

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