Soulever des poids est aussi une affaire de femmes
L’athlète Nadine Blanchard propose deux initiations gratuites à l’haltérophilie à Beaulieu. Reportage.
Nadine Blanchard supervise une des initiées, mardi, aux Halles sportives de Beaulieu.
Odile Meylan
«Je vais leur montrer que ce n’est pas un sport de mec!» Dans son t-shirt aux couleurs de l’équipe nationale suisse, l’haltérophile professionnelle Nadine Blanchard affiche un grand sourire à l’occasion de la première initiation, gratuite et en non-mixité, qu’elle dispense. Cette athlète de 25 ans à l’énergie contagieuse s’est jointe aux ambassadrices de «Femmes et sport», un projet porté par la Ville de Lausanne qui vise à lutter contre les stéréotypes de genres dans le sport.
Exceptionnellement pour ces deux heures de découverte au club lausannois d’haltérophilie et de musculation de Beaulieu, seules les femmes sont admises. Elles sont une dizaine à être venues s’initier à ce sport qui a longtemps rimé avec «masculinité».
«Ici, il y a une bonne vibe»
«Je me sens souvent mal à l’aise dans un groupe sportif mixte. Ici, il y a une bonne vibe», confie Mariama entre deux gorgées d’eau. Cette étudiante en programmation a découvert l’existence de cet atelier sur Instagram. C’est la première fois qu’elle teste cette discipline, et la magie semble opérer: «Je prévois de revenir dimanche pour le deuxième atelier!»
Ici, les participantes peuvent s’essayer aux deux mouvements principaux de l’haltérophilie. «L’arraché», qui consiste à propulser d’une seule traite la barre, bras tendus au-dessus de la tête, et «l’épaulé-jeté», même processus mais avec une étape aux épaules qui demande davantage de force.
Revenue des «enfers»
Des disques olympiques rouges, verts, jaunes, bleus ou noirs jonchent les tapis d’entraînements. À chaque couleur, son poids. «Ah ouais, tu sens la différence!» lance Aline, qui a doublé sa charge, passant de 2,5 kg à 5 kg. Après avoir relâché la barre, cette grimpeuse de 23 ans souffle et s’enthousiasme: «Franchement c’est vraiment cool! Et puis, entre femmes, il n’y a pas ce regard insistant qu’on peut retrouver dans les salles de fitness.»
Donner un cours uniquement aux femmes, Nadine Blanchard y tenait. En premier lieu pour lutter contre les stéréotypes accolés à la discipline, mais aussi pour donner un nouvel élan à sa carrière.
«Me rendre utile dans ce sport, c’est ça qui m’aide.»
Cette haltérophile professionnelle, pionnière en Suisse, revient des «enfers». En 2021, en plein entraînement, son tendon d’Achille lâche. Elle est opérée d’urgence, mais les médecins coincent un nerf dans la suture. Une erreur médicale coûteuse pour la jeune athlète, qui met un an à remarcher. Si elle confie souffrir en continu, sa philosophie la propulse vers le positif: «Me rendre utile dans ce sport, c’est ça qui m’aide.»
La deuxième initiation aura lieu le dimanche 25 février, de 10 h 30 à 12 h 00, aux Halles sportives de Beaulieu
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