RÉCIT – La petite Clémence est décédée dans un hôpital de Bordeaux un peu avant ses trois ans. Un rapport d’expertise médicale fait état de nombreux dysfonctionnements et d’une volonté de dissimuler la vérité aux parents sur la mort de leur fille.
Le Figaro Bordeaux
Clémence a été un bébé désiré. Pendant plus de quatre ans, ses parents ont eu recours à des traitements pour qu’Adeline puisse tomber enceinte. Mais ce petit être vient au monde avec une pathologie cardiaque, nécessitant deux interventions chirurgicales. Un peu avant ses trois ans, elle subit une troisième opération qui devait être la dernière, pour qu’elle puisse enfin vivre normalement. Une erreur de dosage et de nombreux dysfonctionnements au sein du CHU de Bordeaux en ont décidé autrement.
«On a intoxiqué lourdement cet enfant», explique Maître Jean-Christophe Coubris, l’avocat des parents de Clémence. «Après les deux interventions les plus lourdes, qui se sont très bien passées, Clémence évolue et grandit tout à fait normalement.» Mais celle-ci doit revenir à l’hôpital Haut-Lévêque pour une dernière opération «censée être plus légère et qui cause donc moins d’angoisse et d’inquiétude aux parents», explique l’avocat. Malheureusement, plusieurs erreurs ont alors été commises, conduisant à sa mort quelques jours plus tard.
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«Une dose cinq à dix fois trop élevée»
«Pour une raison que j’ignore, on laisse ce petit bout de chou seul au bloc avec l’interne», déplore Me Coubris. Première anomalie. L’infirmière et l’anesthésiste quittent le bloc opératoire, laissant donc le bébé seul avec une interne en médecine qui commet une erreur en injectant du bicarbonate de sodium à Clémence. «À la lecture du dossier médical, ça ne se justifie absolument pas», explique aujourd’hui l’avocat, qui a rapidement diligenté un rapport d’expertise médicale. Plus grave encore: l’interne – de première ou deuxième année – injecte une dose «cinq à dix fois au-dessus de la norme, du fait de l’âge et du poids de l’enfant».
C’est alors que les dysfonctionnements commencent à s’enchaîner. L’interne, consciente de son erreur, en informe l’anesthésiste qui revient au bloc opératoire. Mais à cet instant, «aucune mesure adéquate n’a été prise pour tenter d’atténuer les effets délétères du surdosage». Pire, «on va poursuivre l’opération et faire comme si de rien n’était». Et une fois Clémence sortie du bloc opératoire, le personnel annonce à ses parents que tout s’est bien passé. Ils rentrent chez eux pour la nuit, demandant à être informés de tout évènement inquiétant. Dans la soirée, la petite convulse, mais Adeline et Romain n’en seront informés que le lendemain matin.
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«Une situation caricaturale de l’erreur médicale»
Pendant plusieurs jours, l’état de Clémence se dégrade. Trois jours après l’opération, ses parents sont conviés à une réunion lors de laquelle «on leur donne enfin des informations sur l’état gravissime de leur enfant». C’est alors que des incohérences commencent à faire surface. La maman de Clémence est infirmière et décèle des informations étranges sur l’état de santé de sa fille. «C’est là qu’on lui a annoncé le surdosage», explique l’avocat de la famille.
Pour Me Coubris, «il s’agit d’une situation presque caricaturale de l’erreur médicale et de comment le système se met en place et se défend». Il estime que «si on n’avait pas eu une maman qui sait interpréter les informations médicales qu’on lui donne, on aurait pu avoir une version officielle disant que Clémence est décédée de sa pathologie», alors que ce n’est vraisemblablement pas le cas.
Aujourd’hui, presque deux ans après les faits, les parents de Clémence ne veulent pas que leur fille ait disparu pour rien. Les délais de la justice dans ces cas de figure étant particulièrement longs, l’avocat de la famille espère une expertise et des mises en examen d’ici 12 à 18 mois. «Leur volonté, c’est que le tragique destin de Clémence puisse permettre à d’autres enfants de ne pas connaître le même sort», explique-t-il. «Ils ne sont pas envahis par la haine ni par la colère», mais ils veulent la vérité, c’est pour eux le plus important. Aujourd’hui, Adeline et Romain essayent d’avoir un autre enfant. Clémence voulait un petit frère ou une petite sœur.
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