Toujours à la course: les médecins-assistants en ont ras-le-bol.Image: DPA
De plus en plus de femmes médecins abandonnent leur poste en Suisse. watson s’est entretenu avec l’une d’entre elles. Et avec une de ses collègues qui souhaite continuer à exercer. Parce qu’il y a aussi parfois des choses qui vont bien à l’hôpital.
15.05.2024, 08:17
Plus de «Suisse»
«Pars tant qu’il en est encore temps» – c’est la première phrase qu’Alina* (prénom d’emprunt) a entendue de la bouche d’une interne lors de son premier jour de stage dans un hôpital. Elle ne plaisantait pas. Elle le pensait vraiment.
«C’est à ce moment-là que j’ai pour la première fois douté de mon choix de devenir médecin»
Alina
Mais sa fascination pour le corps humain et son désir de pouvoir aider les gens l’ont emporté. Pour l’instant. Alina a donc continué. Elle a effectué son stage, obtenu son master et commencé à travailler dans un hôpital suisse en 2023.
Aujourd’hui, elle a terminé la première de ses deux années d’assistanat. Mais ses hésitations quant à sa carrière n’en sont que plus fortes. Alina n’est pas seule dans ce cas. Dans son rapport sur la situation des professionnels de la santé, l’Association des étudiants en médecine (Swimsa) parle d’une «tendance inquiétante».
POUR ALLER PLUS VITE
34% songent à renoncer
La Swimsa a interrogé 2300 étudiants. Au total, 34% d’entre eux ont indiqué qu’ils envisageaient sérieusement d’arrêter leur formation pratique. Raison principale invoquée: de mauvaises conditions de travail.
Alina peut en témoigner. Elle a pourtant «encore de la chance», comme elle le dit. Dans son hôpital, on lui a consacré une semaine entière à son arrivée. Une exception là où 80% des médecins-assistants ne reçoivent même pas les quatre heures de formation continue prescrites, comme l’a révélé l’Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique (ASMAC) dans une enquête réalisée en janvier 2023 auprès de 3200 employés.
De plus, Alina ne doit travailler «que» 48 heures par semaine. Cela aussi, c’est rare. Selon l’ASMAC, la moyenne pour les médecins-assistants se situe plutôt autour des 50 heures hebdomadaires. Mais en réalité, ils accumulent souvent plus de 56 heures.
Dans les faits, Alina aussi travaille bien plus de 48 heures par semaine.
«Mais je peux vraiment noter toutes mes heures»
Elle prononce cette phrase comme si le fait que son employeur respecte la loi sur le travail était quelque chose d’incroyable. Et c’est sans doute le cas. Car un médecin-assistant sur cinq a déjà subi des pressions de sa hiérarchie pour réduire le nombre d’heures supplémentaires déclarées. C’est ce qu’a révélé une enquête de la NZZ en 2023.
Quand les samedis ne sont là que pour dormir
Malgré toute la «chance» qu’Alina semble avoir en comparaison avec d’autres collègues, elle concède:
«Je dois faire face à une très grosse surcharge»
Il y a d’une part le stress permanent dû à la grande quantité de patients. «Idéalement, il faudrait sept patients par jour. En réalité, il m’arrive d’en avoir 17». Elle n’a donc d’autre choix que d’enchaîner les consultations, négligeant totalement la dimension humaine. D’autre part, Alina travaille souvent sans interruption. Il y a tout au plus une pause de 45 minutes à midi. Du moins en théorie.
«La plupart du temps, j’ai 20 à 30 minutes pour manger»
Pendant ce temps, elle reste joignable en permanence. Prête à se lever et à courir. Là où ça urge.
Un rythme de travail qui la démoralise et l’épuise. Tant physiquement et psychiquement.
«Quand je rentre chez moi le vendredi, je suis tout simplement vidée»
Alina a déjà passé de nombreux samedis à dormir. Elle voit d’ailleurs que rarement son entourage depuis son entrée en fonction. Elle ne s’adonne guère plus à ses loisirs non plus. Pas le temps, pas l’énergie. Parfois même pas pour faire à manger. Et encore moins pour se rendre chez le médecin.
Les patients sont aussi en danger
Dans ces conditions, garder une vue d’ensemble sur tous les patients, répondre de leur bien-être, est un défi quotidien.
«C’est pesant parce que je trouve ça dangereux pour les patients»
En théorie, Alina ne devrait pas assumer seule cette responsabilité. Après tout, elle est encore en formation. Elle devrait avoir le droit à l’erreur, des confrères plus expérimentés devraient contrôler ce qu’elle fait. Mais cela n’arrive jamais. Il n’y a pas de temps pour ce genre de choses.
Les médecins les plus expérimentés n’ont le temps ni pour les patients ni pour les assistants.Image: KEYSTONE
Alina a déjà connu de nombreuses nuits sans sommeil, notamment par peur d’avoir pris une mauvaise décision sous le stress, ou d’avoir raté quelque chose. Ce qui pourrait avoir de graves conséquences pour le patient.
Sa crainte n’est pas complètement infondée. 60% des médecins-assistants et chefs de clinique interrogés par l’ASMAC ont indiqué avoir déjà été témoins d’une erreur médicale pouvant être attribuée à la fatigue. C’est 21% de plus qu’il y a dix ans.
Une bureaucratie «complètement inefficace»
L’une des raisons qui pourraient expliquer la hausse de ces erreurs vient du fait que, ces dernières années, de plus en plus de tâches administratives sont venues s’ajouter au cahier des charges du personnel soignant. Alina ne termine donc pas sa garde après avoir vu tous ses patients. Il lui reste encore tout le travail de bureau. «Souvent complètement inefficace», à ses yeux.
La goutte d’eau qui fait déborder le vase: le travail de bureau.Image: Shutterstock
Le dossier numérique du patient se fait encore et toujours attendre. La communication entre les cabinets, les hôpitaux, les spécialistes se fait par des canaux divers et variés. Une radiographie arrive par e-mail, un résultat de laboratoire par courrier. Et parfois, Alina reçoit uniquement un rapport écrit à la main par un médecin de famille, qu’elle doit ensuite elle-même taper dans le système de son hôpital. Un système qui plus est vieillot, dont la lenteur pourrait rendre fou.
La Suisse se dirige vers une pénurie de médecins
«Plus le temps passe, moins je peux m’imaginer à long terme dans ces conditions», confie Alina. Car le pire, selon elle, c’est qu’aucune amélioration n’est en vue. Une fois son diplôme en poche, la jeune femme poursuivra exactement de la même manière. Simplement avec encore davantage de responsabilités.
Une vie dévolue à son métier. «Est-ce que cela en vaut la peine?», a demandé Alina à sa cheffe de clinique. «Avec du recul, je n’en suis pas sûre», lui a répondu la supérieure.
Elle s’était préparée à l’exigence de la vocation, aux lourdes responsabilités et aux horaires irréguliers. Mais pas à cet épuisement permanent. Ni à la perte totale de toute vie privée. Conclusion:
«Je ne suis pas prête à vivre uniquement pour mon travail. Et les générations qui me succéderont le seront encore moins. Si les conditions ne changent pas fondamentalement, tout cela nous explosera bientôt à la figure!»
Alina
La jeune interne n’exagère pas. Aujourd’hui déjà, la Suisse ne parvient pas à couvrir ses besoins en médecins. C’est pourquoi elle recrute 40% de son personnel soignant à l’étranger, selon le rapport de Swimsa. Mais cette stratégie n’est pas durable. Dans les pays voisins aussi, on cherche désespérément des docteurs. Selon les estimations de PWC, leader de l’audit et du conseil en Suisse, il en manquera 5500 d’ici 2040.
Une lumière au bout du tunnel
L’exemple d’Eva* (prénom d’emprunt) montre que les hôpitaux ont un rôle clé à jouer pour contrer cet avenir sombre. Elle vient de terminer sa deuxième année d’internat. Elle aussi parle d’une «entrée en matière difficile», de nuits blanches, d’angoisses, d’épuisement, de surmenage.
Heureusement, ces aspects négatifs du métier n’ont pas duré longtemps. Pourquoi donc?
«La mentalité de la direction de l’hôpital fait une énorme différence»
Eva
Lorsqu’elle a accumulé 100 heures supplémentaires en peu de temps, la direction de la clinique l’a directement approchée. Non pas pour faire pression, mais pour voir comment elle pouvait soutenir Eva.
Cette entrée en matière a fait des merveilles. Au cours de la deuxième année, Eva se sentait déjà plus sûre d’elle et plus à l’aise dans sa routine. «Aussi parce que j’avais une super équipe», dit-elle. Ses supérieurs ont pu et voulu prendre le temps de vérifier ses décisions médicales si nécessaire ou de répondre à ses questions. On l’a également entourée lorsqu’elle était dépassée. Que ce soit par des discussions, des conseils ou en la déchargeant de certaines tâches.
«Tout n’est pas parfait, mais beaucoup de choses fonctionnent déjà bien», affirme Eva. C’est certainement parce que son employeur fait des efforts qu’elle peut affirmer:
«Je ne sais pas si je veux vraiment être médecin toute ma vie. Mais si oui, ça ne me semble pas irréaliste»
Preuve en est qu’il y a une marge de progression énorme. Reste à savoir si le système de santé pourra se réformer assez rapidement avant que non seulement une pénurie de personnel soignant et de spécialistes, mais aussi une grave pénurie de médecins ne menacent nos institutions de soin.
(Traduit de l’allemand par Valentine Zenker)
Depuis la mi-mai, les voyageurs peuvent tester la nouvelle application de suivi. L’éventuelle révolution tarifaire dépendra de leurs retours.
C’est un trajet très utilisé par les pendulaires, le voyage en train de Zurich à Berne et retour. Ceux qui l’empruntent régulièrement ont probablement un abonnement général (AG). Cependant, cet AG, qui coûte maintenant près de 4000 francs, n’est pas toujours rentable. Par exemple, pour ceux qui ne se rendent au bureau que deux jours par semaine, il faut faire un calcul précis. Or, dans la jungle tarifaire actuelle, ce n’est pas une tâche si simple.
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