Un Marseillais victime d’une erreur médicale et rendu quasi aveugle demande justice

Un Marseillais rendu quasi aveugle par son ophtalmologue, réclame justice et réparation plus de trois ans après avoir été victime d’une erreur médicale. L’histoire d’Adrien* bascule le 5 octobre 2020. Au cours d’un banal rendez-vous pour des lunettes, l’ophtalmologue, le docteur Bernard Castelli, le confond avec un autre patient, plus âgé et atteint de cataracte.

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Deux patients confondus

Une erreur de patient que l’avocat du praticien a tenté d’expliquer mercredi devant la chambre disciplinaire du conseil de l’ordre des médecins à Marseille, à laquelle a pu assister France Bleu Provence. « Nous étions en période covid, tout le monde portait des masques et lorsque mon client a appelé le patient selon la liste des dossiers enregistrés par la secrétaire, c’est le mauvais patient présent dans la salle d’attente, qui s’est levé et s’est installé dans le cabinet ». Le docteur Bernard Castelli assure avoir bien décliné l’identité du patient qu’il pensait avoir avec lui ce qu’Adrien réfute.

Au cours de l’audition, la chambre disciplinaire s’est interrogée sur l’activité particulièrement intense de l’ophtalmologue qui pourrait peut-être expliquer une confusion entre deux patients. « Jusqu’à 80 patients par jour mentionnés par votre avocat, est-ce bien raisonnable ? » demande le président. « Je travaille souvent de 7 heures le matin jusqu’à 22 heures le soir », se justifie le docteur Bernard Castelli, sans autre explication. « J’ai fait une erreur, je le reconnais », a encore redit le médecin devant ses confrères. Mais Adrien ressent toujours un manque de sincérité et d’empathie, « il n’a jamais été désolé, jamais je n’ai eu un appel ». Depuis l’affaire, l’ophtalmologue poursuit son activité.

Toujours est-il que l’erreur de patient est fatale aux deux yeux d’Adrien. Il subit une séance de laser Yag, prévue pour un autre, causant des dommages irréversibles à ses cristallins. L’homme alors âgé de 41 ans est plongé dans le noir. Il ne retrouvera que partiellement sa vue après une série d’opérations et la pose d’implants en mars 2021. Mais depuis sa vie n’est plus la même. France Bleu Provence a vérifié le quotidien d’Adrien.

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« Il m’a radié de ma vie ». Depuis plus de trois ans Adrien vit avec ce handicap. Son invalidité est reconnue. Il décrit « des douleurs permanentes, des allergies, j’ai plusieurs paires de lunettes. Des lunettes progressive comme les personnes âgées. Deux paires de lunettes de soleil que je change en fonction de la luminosité. C’est un calvaire ! Les jours de mistral, je ne peux pas sortir. J’ai les yeux tout rouge. Je ne peux plus jouer au foot, plus aller à la plage ». Cette erreur médicale a aussi des conséquences sur sa vie professionnelle, « avant j’étais artiste. Je me produisais à l’internationale. Je gagnais très bien ma vie. Et aujourd’hui je n’ai plus rien. Il m’a bousillé ma vie ! »

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Le préjudice subie par Adrien est très lourd. Pour le faire reconnaître, trois procédures sont toujours en cours. L’audience disciplinaire qui s’est tenue mercredi après-midi a été l’occasion pour Maître Philippe Courtois, l’avocat d’Adrien, de rappeler la gravité de l’erreur médicale dont est victime son client.

« C’est une erreur gravissime. On se trompe de traitement, on se trompe de patient. C’est encore plus grave et il faut le reconnaître. Pas juste dire, ok c’est une erreur humaine, il a souffert mais il a des implants et il peut un petit peu voir donc ce n’est pas grave. Et bien si c’est grave ! Parce qu’il vient pour une prescription de lunettes et maintenant il ne peut plus exercer son métier. Sa vie est terminée. Il doit tout repenser à une quarantaine d’années. C’est pour ça que l’ordre doit sanctionner l’ophtalmologue pour pas que ça se reproduise. Peut-être n’est-il plus apte à exercer ? La question peut se poser ».

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Le praticien risque une suspension voire la radiation. La chambre disciplinaire du conseil de l’ordre des médecins rendra sa décision d’ici deux à trois semaines. Par ailleurs un procès pénal devrait se tenir en 2024. Une enquête préliminaire est ouverte pour blessure volontaire et non assistance à personne en danger.

Enfin une troisième action, civile cette fois est déjà bien avancée avec une nouvelle audience ce jeudi devant la Commission de Conciliation et d’Indemnisation (CCI) à Lyon, pour déterminer le montant de la réparation à verser à la victime. Selon l’avocat de l’ophtalmologue, l’assurance aurait déjà provisionné 462.000 euros.

*Le prénom est modifié à la demande de la victime.

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