Une opération bénigne tourne mal dans une clinique de Bordeaux, elle meurt juste avant son mariage

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INFO ACTU BORDEAUX. « Ça n’arrive jamais… », a bredouillé le personnel de la Nouvelle Clinique Tondu Bordeaux après le décès de Gwenaëlle Leterme.

La jeune femme de 38 ans est décédée le 4 mars 2024 suite à une opération considérée comme bénigne et relativement courante : une ablation de deux kystes du tractus thyréoglosse.

Le père devait marier sa fille

C’est justement parce que ça n’aurait jamais dû arriver que la famille de la victime s’interroge. Y a-t-il eu une erreur médicale ? Des dysfonctionnements dans la procédure ?

Son père, Jean-Luc Leterme, a déposé plainte contre X, dans l’espoir d’obtenir des réponses. « On veut la vérité », clame-t-il, avec sa compagne.

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Cet ancien directeur régional d’un établissement médico-social est premier adjoint à Bonzac, une petite commune située près de Libourne. À la mairie, il était prévu qu’il marie sa fille le 21 juin.

C’est d’ailleurs en prévision du mariage que Gwenaëlle s’était décidée à se faire retirer les deux grosseurs bénignes mais disgracieuses qui étaient apparues soudainement au niveau de sa gorge.

Des appels à l’aide laissés sans réponse

La jeune femme a été admise à la clinique privée située à Floirac (Gironde), sur la rive droite de Bordeaux, le 27 février. Selon sa famille, l’opération s’est déroulée comme prévue. En revanche, la suite peropératoire a été un long calvaire pour la patiente.

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À ses proches, à l’oral ou par message, elle a décrit une grande souffrance. Elle avait du mal à respirer, à déglutir ou encore à se nourrir, après le retrait du drain de Redon, un petit flacon destiné à aspirer les sécrétions post-opératoires. Gwenaëlle a répété les appels à l’aide auprès des infirmières mais n’a pas été prise au sérieux.

Jean-Luc Leterme a déposé plainte contre X après le décès de sa fille.
Jean-Luc Leterme a déposé plainte contre X après le décès de sa fille. (©Actu.fr / Nicolas Gosselin)

Dans la nuit du 1er au 2 mars, selon les informations notées dans le rapport médical qu’actu Bordeaux a pu consulter, elle aurait fini par se lever de son lit malgré son état de santé fragile pour aller chercher de l’aide au bureau des infirmières. C’est à ce moment-là qu’elle aurait fait un arrêt cardiaque.

Elle a été placée dans un coma artificiel

En détresse respiratoire aigue, elle a été reconduite en urgence dans sa chambre, intubée, ventilée et sédatée. Placée dans un coma artificiel puis transportée aux urgences du CHU de Bordeaux à l’hôpital Pellegrin, la jeune femme est décédée le 4 mars.

« Le Redon a-t-il été retiré trop tôt ? », s’interroge Jean-Luc Leterme. La question mérite d’être posée car l’état de santé de Gwenaëlle semble s’être gravement détérioré après le retrait du drain. Surtout, sur les rapports médicaux, « des incohérences » interpellent à ce sujet. Le chirurgien note dans son compte-rendu qu’il a été retiré à 16h50 alors que le laboratoire d’analyses parle de 15h30. Comment une approximation médicale d’1h20 est-elle possible ?

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Aussi, le chirurgien était censé passer après l’opération pour surveiller l’état de la patiente mais la famille a un gros doute sur son passage, en se référant à des échanges de SMS avec Gwenaëlle. Enfin, d’autres éléments relevés durant son hospitalisation laissent à penser qu’il y a eu des dysfonctionnements.

« Il y a plein d’inconnues »

« On se pose des questions. Quand on a réclamé le dossier médical, la clinique a refusé de nous le remettre directement. Ils ont demandé un délai et ont fini par l’envoyer cinq jours plus tard… », précise Jean-Luc Leterme, qui évoque des échanges compliqués.

On réclame des comptes mais l’établissement nous donne le minimum d’éléments. Il y a plein d’inconnues, qui ne nous permettent pas de comprendre ce qui s’est passé. La clinique entretient un flou qui les ménage.

Jean-Luc Leterme

Selon nos informations, le CHU de Bordeaux aurait fait un signalement à l’Agence régionale de santé suite à ce drame, comme le veut la procédure en cas d’événement indésirable grave associé aux soins (EIGS). Contactée par actu Bordeaux, l’ARS a simplement répondu « ne pas communiquer sur les enquêtes en cours ». Pas de commentaire non plus du côté du CHU de Bordeaux.

La direction de la clinique reste silencieuse

Jean-Luc Leterme espère que certaines zones d’ombre seront éclaircies. Pur hasard, il est bénévole au sein de l’Association des paralysés de France (APF), en tant que représentant des usagers, et il connaît très bien les rouages du système, y compris le fonctionnement de la Commission de Conciliation et d’Indemnisation des accidents médicaux des affections iatrogènes et des infections nosocomiales (CCI).

Le retraité sait qu’il va devoir s’armer de patience. Il espère aussi que l’enquête ouverte par le parquet de Bordeaux permettra d’y voir plus clair. « Si on s’aperçoit qu’il y a eu de graves erreurs, il faut que la clinique soit sanctionnée pour éviter d’autres drames, insiste-t-il. Pourquoi les infirmières n’ont pas porté assistance à ma fille alors qu’elle appelait à l’aide ? On veut savoir s’il y a eu un acte malveillant ou un accident médical fautif (sic). »

Contactée par actu Bordeaux, la direction de la Nouvelle Clinique Bordeaux Tondu a refusé de répondre à nos questions. « En effet, le secret médical s’impose à tous les personnels d’un établissement de santé. Nous ne sommes en aucun cas autorisés à transmettre des éléments relatifs au dossier des nos patients », a-t-on reçu par mail.

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