Agglo d’Elbeuf : Victime d’une erreur médicale il y a 35 ans, il voit enfin le bout du tunnel

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Le 5 juin, on va lui enlever l’agrafe et la vis qu’il a dans le genou depuis 35 ans et on va lui redresser le genou et lui mettre une prothèse. La fin d’un long calvaire et le début d’une nouvelle vie…
Le 5 juin, on va lui enlever l’agrafe et la vis qu’il a dans le genou depuis 35 ans et on va lui redresser le genou et lui mettre une prothèse. La fin d’un long calvaire et le début d’une nouvelle vie… (©Le Journal d’Elbeuf)

Pour Bertrand Bénet, fils de Jean-Claude Bénet, et petit-fils d’Adrien Bénet, ancien président du CORE Football et du FASAE, tout commence lors de la saison 1987-1988, alors qu’il est junior au FASAE.

S’il est né en octobre 1968 à Elbeuf, c’est à Saint-Pierre-lès-Elbeuf qu’il a vécu jusqu’à l’âge de 11 ans, c’est à l’ESP qu’il a effectué ses premiers pas de footballeur, avec Gérard Dyel, avant de rejoindre le FASAE en cadet première année. Avec André Lehéricé, il opère au milieu de terrain en 8 ou en 10. Il est sollicité par le FC Rouen mais son père met un préalable : être pris en sports-études à Val-de-Saâne. Hélas, il n’est pas pris, en raison de ses résultats… scolaires.

Passé dans les rangs juniors, il joue en Division d’Honneur sous les ordres de Robert Breuque puis la troisième et dernière année de Bernard Le Floc’h. Guy Morel, entraîneur de l’équipe fanion, lui fait comprendre qu’il se rapproche du groupe seniors et qu’il compte sur lui pour les années à venir. Il l’appelle même une fois comme remplaçant.

Tout va bien jusqu’à ce match de Coupe Gambardella à Caucriauville fin 1987 et une blessure idiote mais lourde de conséquences. « Le ballon s’apprête à sortir pour nous mais, au dernier moment, je décide de le jouer. Je mets le pied dans un trou, le genou tourne et ça craque. J’ai tout de suite pressenti que c’était grave », se remémore Bertrand Bénet.
Le diagnostic tombe : rupture des ligaments croisés du genou droit. Le début de 35 années de galères. Opéré par un ponte de la chirurgie orthopédique et traumatologique, il ne se doute pas qu’il vient de dire adieu à ses espoirs de faire carrière, ne serait-ce qu’au niveau régional.

Cinq ou six opérations en deux ans

C’est avec des béquilles qu’il va chaque jour de Caudebec à Louviers au lycée Les Fontenelles. « C’était l’année du bac ; Francisco Casas et Fabrice Auzoux m’emmenaient à tour de rôle », se souvient-il. Les professeurs ayant souhaité lui désincarcérer le ménisque puis lui faire une réinsertion discale, il se plie au protocole en toute confiance puis entreprend la rééducation. C’est de la touche qu’il assiste aux succès de ses partenaires face à l’INF Vichy en Gambardella. Puis, lors de son match de reprise, son genou craque de nouveau.

« Le professeur a alors décidé de m’enlever le ménisque. Selon lui, je n’avais pas besoin d’autre opération et cela devait être compensé par la musculature… » Mais ça ne le fait pas ! Il va d’opération en opération (cinq ou six en deux ans) et finit par retrouver les terrains… mais jamais le niveau technique qu’il avait auparavant, ni sa vitesse.

Au FASAE, il reprend en équipe C. Parti vivre en région rouennaise, il signe à l’AD Déville-Maromme où son entraîneur décèle tout de suite qu’il a un problème et qu’il boite. Il rejoint ensuite l’US Pont-de-l’Arche où il participe à la montée en PH du club. Il a alors quelques belles années « mais je jouais comme un vieux qui connaît son corps ». Jusqu’à ce qu’il se « fasse » les croisés du genou… gauche, au ski, en 2002 ! « J’ai été opéré mais ça va. Si j’avais été opéré du genou droit comme du gauche, j’aurais pu continuer à jouer et courir ».

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Puis, au fil du temps, au handicap physique viennent s’ajouter les douleurs. Le genou s’atrophie, s’incline (jusqu’à atteindre 14°), il a de l’arthrose… « Ça n’a cessé d’empirer et depuis sept ou huit ans ce sont vraiment de grandes souffrances physiques. Depuis six ans, j’ai ma carte à la Maison Départementale pour les Personnes Handicapées et il y a un an et demi, l’Assurance maladie m’a reconnu invalide de catégorie 1 ». Tout cela pour une erreur médicale !

Un deuxième coup sur la tête

Mais pourquoi ne pas avoir soulevé le problème plus tôt vous direz-vous ? « Tout simplement parce que je l’ignorais. Jamais je n’aurais imaginé avoir été victime d’une erreur chirurgicale, d’autant que c’est un praticien jouissant d’une grande notoriété dans le milieu sportif. Certes, je n’avais pas de ressort, j’étais diminué mais ma jambe au début était normale ». Jusqu’à ce jour où le fameux professeur lui a avoué sans ménagement ni compassion que toutes les personnes qu’il a opérées à l’époque selon la technique de Macintosh (une trentaine) présentent les mêmes symptômes ! « Je me suis pris une claque. La façon dont il m’a annoncé ça, froidement… Pfff. En gros, ça voulait dire : « je vous donne l’info, débrouillez-vous avec ça. » Et comme les faits remontaient à plus de vingt ans, il y avait prescription, je n’ai pu l’attaquer en justice ».

Ces deux dernières années, il a bénéficié d’un traitement qui lui a fait du bien mais n’a fait que retarder l’échéance. Celui-ci n’étant plus d’aucune efficacité, il a dû se résoudre à se faire opérer. Objectif : lui redresser le genou et lui mettre une prothèse.

L’intervention était prévue le 17 avril. Mais lors des examens médicaux préalables, patatras… On lui décèle une insuffisance cardiaque. Son cœur battant trop lentement, il est opéré en urgence le 19 avril et on lui pose un pacemaker. Revenu à son domicile, à Alizay, où il réside depuis une vingtaine d’années, il se repose en attendant son opération du genou, reprogrammée le 5 juin. Devenu philosophe, il se dit qu’à quelque chose malheur est bon. Sans cette opération, on ne lui aurait pas diagnostiqué son problème cardiaque et cela aurait pu lui être fatal.

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« Cette erreur chirurgicale a brisé mes rêves »

Au repos forcé, n’ayant pas le droit de conduire pour le moment, il en profite pour vider son sac. « Après avoir gardé ça pour moi durant 35 ans, j’ai besoin de parler pour boucler la boucle ». Raconter ce parcours, ses souffrances physiques mais aussi mentales, morales pour se libérer, se soulager, extérioriser à l’aube sinon d’une nouvelle vie, du moins d’un nouveau départ.

Bien sûr, toutes ces années gâchées ne se rattraperont pas, il n’obtiendra jamais réparation mais il aimerait former un groupe de personnes dans le même cas que lui : « Je suis seul, livré à moi-même. Je suis usé de répéter les mêmes choses. À plusieurs, nous serions plus forts, nous pourrions nous soutenir, nous conseiller, nous aider pour nos démarches. Vis-à-vis de la Carsat par exemple, pour prouver que j’aurais dû être en invalidité plus tôt, non pas grâce mais à cause de mon genou ».

S’il veut tourner la page, il a conservé néanmoins dans un coin de la tête, une question qui le taraude depuis plus de trente ans. « Cette erreur chirurgicale a brisé mes rêves. José Vidot, Didier Aït-Ali et Frédéric Logiou ont eux aussi été opérés d’une rupture des ligaments croisés et ils ont joué par la suite en DH ou CFA. Aurais-je pu jouer à ce niveau ? Mieux ? ». Bertrand ne le saura jamais et c’est son plus grand regret.

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