Florence Bonvoisin est décédée après une anesthésie locale réalisée pour une opération dentaire. L’avocat de sa famille souligne «des zones d’ombre» et souhaite qu’une enquête permette de déterminer les circonstances de ce décès.
Le Figaro Bordeaux
Comment expliquer que Florence Bonvoisin, retraitée de 68 ans installée en Guadeloupe et qui devait se faire poser des implants dentaires en Gironde, soit décédée à la suite d’un malaise cardiaque, survenu quelques minutes après une anesthésie ? C’est la question que se posent les membres sa famille, qui ont déposé une plainte pour homicide involontaire auprès du tribunal de Bordeaux, par le biais de leurs avocats, Mes Philippe Courtois et Chloé Robert, pour qui cette affaire soulève de nombreuses interrogations.
«Il s’agissait d’une anesthésie locale, au cours de laquelle il y a eu un arrêt cardiaque, qui a mené au décès» résume Me Courtois au Figaro. L’avocat explique qu’en plus de la dentiste de Florence Bonvoisin, installé à Gujan-Mestras (Gironde), un autre praticien était venu de Paris pour réaliser avec elle cette pose de nouveaux implants. Après l’arrêt cardiorespiratoire, «les deux dentistes ont essayé de la ranimer mais n’ont pas pu».
Une opération à 35.000 euros
Les pompiers sont alors intervenus et lui ont administré de l’adrénaline, ce qui n’a pas permis à Florence Bonvoisin de reprendre connaissance. Celle-ci a été transférée au centre hospitalier universitaire de Bordeaux, où elle est décédée le lendemain d’un œdème cérébral, le 4 juillet 2023. Une mort qui pourrait être liée à un mauvais dosage lors de l’anesthésie, et qui interroge donc sur la responsabilité des deux chirurgiens-dentistes.
La famille n’aurait par ailleurs appris la possibilité d’une erreur médicale «qu’en lisant le dossier», explique l’avocat. Plusieurs mois après les faits, Me Courtois espère donc que les analyses de sang réalisées par le CHU ont été conservées, afin de pouvoir réussir à déterminer ce qui a causé le décès. «On ne cherche pas une condamnation, on veut simplement savoir ce qui s’est passé.» Selon l’avocat, il y aurait «énormément de zones d’ombre» dans cette affaire, autour du prix de l’opération (estimé à 35.000 euros par le dentiste parisien), de la présence de la police municipale en plus des pompiers, ou encore sur la quantité d’anesthésiant injectée.
«Des faits rarissimes et gravissimes»
Le CHU s’est en effet aperçu «qu’il y avait un problème avec le poids» de Florence Bonvoisin. Un écart d’environ 10 kg avec celui pris en compte par les chirurgiens-dentistes a été relevé par l’hôpital, faisant penser à un éventuel surdosage. Il est également possible que le praticien «soit allé trop loin en piquant», injectant le produit anesthésiant au-delà de la gencive, et donc directement dans le sang. Autant d’interrogations auxquelles les avocats espèrent avoir une réponse, grâce à l’audition des deux praticiens.
«Toutes les hypothèses ont été envisagées par le CHU, allant des problèmes de surdosage à une cardiopathie», explique Philippe Courtois. Finalement, «tout a été écarté sauf le surdosage». Ce serait donc bien un problème au niveau de l’anesthésie qui aurait mené à cette conclusion malheureuse. Cependant, malgré les circonstances particulières de ce décès, «l’hôpital n’a pas prévenu le procureur», s’étonne l’avocat de la famille, qui s’interroge sur cette décision, alors que les faits présumément commis seraient «rarissimes et gravissimes». Une autopsie n’a pas été réalisée et la victime a été incinérée.
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