“Je ne voulais pas faire du mal à mon fils, je voulais que mon mari revienne […]” , déclare l’accusée à son procès aux assises

Au début de l’enquête, la jeune maman a été inculpée de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Cependant, des éléments d’enquête (témoignages, comportement suspect de la maman, expertise médico-légale…) ont amené la chambre des mises en accusation à revoir l’inculpation, le 17 mars 2020.

Madissone Massy a donc été renvoyée devant les assises pour répondre d’un assassinat, donc d’un meurtre prémédité, et de coups. Cela implique donc qu’elle a eu l’intention de tuer son enfant et qu’elle a mis des moyens en œuvre pour y arriver.

Premier enfant mort-né

Le 2 octobre 2017, l’accusée est emmenée à l’hôpital pour accoucher d’une petite fille attendue et désirée, après sept ans de relation avec son futur époux. “On m’a fait cinq péridurales qui n’ont pas fonctionné. Le gynécologue est arrivé en urgences, car la petite fille était en souffrance cardiaque”, raconte l’accusée, avant de fondre en larmes. Le 3 octobre, l’enfant est mort-né. “Ma mère soutenait la thèse d’une erreur médicale. Pendant trois ans, on m’a parlé de mort subite, car nous n’avons pas eu le rapport d’autopsie. Mon mari l’a sollicité, trois ans plus tard”. Nous sommes alors en 2020 et le petit Enzo, second enfant du couple, est mort depuis le 22 juillet 2019.

Mariée en décembre 2017, Madissone est tombée rapidement enceinte, alors qu’elle faisait l’objet d’un suivi psychiatrique, à la suite du décès de sa fille, “je n’acceptais pas qu’elle soit partie”. L’enfant était voulu et la grossesse s’est bien passée. “Je voulais absolument une césarienne, je l’ai eu et Enzo est né le 19 octobre 2018”. L’accusée raconte qu’elle était heureuse d’avoir un petit garçon “qui était voulu, désiré, tout”.

L’accusée reconnaît qu’elle était possessive avec son époux. Elle l’appelait sans cesse, alors qu’il travaillait, “car j’avais besoin de l’avoir près de moi”.

Shopping hospitalier

L’enfant semblait en bonne santé. Toutefois, ses parents l’ont emmené dans plusieurs hôpitaux de la région, à onze reprises entre le 8 février et le 16 juillet 2019. “Pourquoi l’emmener aux urgences, et pas chez votre médecin traitant, alors que vous détestez les hôpitaux ? ” demande le président de la cour. L’accusée est confuse dans sa réponse. Les médecins, quant à eux, parlent d’un shopping hospitalier.

L’accusée raconte que son fils a fait des convulsions, au printemps 2019, mais elle a cru que c’était à cause de la chaleur. Une hospitalisation est préconisée, mais la maman s’y oppose car elle n’aime pas les hôpitaux.

Plusieurs rendez-vous médicaux sont fixés, mais l’accusée ne s’y rend pas, de peur d’entendre de mauvaises nouvelles, dit-elle. “Je ne voulais pas les résultats, je n’aurais pas accepté qu’on me dise qu’il était à risque, à la suite des antécédents de mort subite au sein de la famille”. La maman de l’accusée a acheté un appareil de monitoring, branché à l’orteil de l’enfant. “Je le mettais quand ma mère arrivait à la maison”.

Bref séjour à la crèche

L’enfant est allé en crèche durant une semaine. Sa maman vit mal son absence et harcèle la crèche afin d’avoir des informations sur ce qu’il fait, ce qu’il mange… Le 16 juillet, l’enfant revient de la crèche, alors que son père repart au travail de manière imprévue. L’accusée angoisse, elle s’énerve. “J’étais en train de préparer à manger, le petit jouait dans le salon. J’ai entendu un boum et je ne me rappelle plus ensuite. J’ai appelé mon mari et ma maman”, dit-elle en pleurant.

Les secours arrivent, alors que la maman de l’accusée tente de réanimer l’enfant par un massage cardiaque, de trente minutes selon la maman de Madissone. L’accusée s’oppose à une hospitalisation en urgence, “car je pensais qu’il allait bien”.

L’enfant est amené à l’hôpital Epicura à Hornu. “Après ce que j’ai vécu avec la petite là-bas, je ne voulais pas qu’il reste là-bas”. Elle a finalement accepté sous la menace d’un médecin d’appeler le parquet. Elle passe la nuit sur place avec son mari.

Le 17 juillet, l’enfant va bien. Le lendemain, l’accusée souhaite quitter l’hôpital avec son enfant, mais les soignants l’obligent à rester. En fin de matinée, le mari se rend chez eux, à Dour, afin de chercher des vêtements et du lait. Il s’absente durant deux heures, ce qui énerve l’accusée qui l’appelle. “Le dernier appel, c’est ma mère qui a décroché, demandant d’arrêter de le harceler. Je l’ai mal pris”. À ce moment-là, l’enfant se trouve dans le lit adulte.

Pas une erreur médicale

Le 18 juillet, l’enfant est mal en point. Sa maman raconte : “je me suis avancé sur lui, je l’ai embrassé au niveau du front, j’ai déposé ma main au niveau de sa poitrine. Je n’ai pas voulu lui faire de mal”, dit-elle en pleurs. “J’ai appuyé sur lui sans m’en rendre compte. J’étais énervé que mon mari n’arrive pas, je me sentais seule”.

L’enfant était couvert d’une couverture, placée en dessous de son nez. “Quand il est devenu bleu, j’ai appelé les infirmières. Je ne sentais pas ma force, je ne voulais pas faire de mal au petit, je voulais que mon mari revienne et j’avais une bonne raison de le rappeler”. L’accusée précise qu’elle ne se rendait pas compte de ce qui se passait autour d’elle, quand les infirmiers et médecins ont pris en charge l’enfant.

Selon elle, Enzo n’est pas mort d’une erreur médicale. “J’ai appuyé sur lui, mais je n’ai pas voulu le tuer. J’en souffre”, dit-elle. “Est-ce que vos gestes sont à l’origine de la mort d’Enzo ? ” demande le président. L’accusée répond que c’est possible…

L’accusée ne sait plus pourquoi elle a fait des recherches sur internet, concernant des bébés étouffés, avant le décès d’Enzo. “Je ne sais pas pourquoi j’ai fait ces recherches”. Elle a déclaré, au greffe de la prison, que les voies respiratoires de l’enfant étaient obstruées, alors qu’elle appuyait sur la poitrine de l’enfant, recouvert d’un drap. “On voyait ses narines”.

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