Harcèlement, insultes homophobes : un cardiologue du CHU de Dijon suspendu par le Conseil de l’ordre

Le 11 mai, un cardiologue du CHU Dijon Bourgogne (Côte-d’Or) a été interdit d’exercer par l’Ordre des médecins. Une peine prononcée pour des faits de harcèlement et violences verbales, avec notamment des insultes homophobes. Nos sources évoquent un homme difficile et colérique. Il serait également impliqué dans une erreur médicale.

Son nom est toujours affiché sur la liste des cardiologues du CHU Dijon Bourgogne (Côte-d’Or). Mais il n’exerce plus. Impossible de prendre un rendez-vous avec lui à l’hôpital. « Le professeur n’intervient plus ici et ne le fera plus pendant un bon moment », nous répond le secrétariat. « Le docteur ne prend plus de nouveau patient », justifie, de son côté, son cabinet.

Un cardiologue fantôme, interdit d’exercer la médecine depuis mai dernier pour des manquements déontologiques et condamné à une peine d’une durée d’un an, dont six mois assortis du sursis. En cause : des faits de harcèlement moral et des insultes homophobes selon nos informations. 

Dans un mail signé de son avocat, Maître François-Xavier Bernard, le Conseil de l’ordre des médecins de Côte-d’Or nous indique que la « peine sanctionne des manquements liés aux règles tirées des articles R4127-31, R4127-56, R4127-68 et R4127-68-1 du Code de la santé publique ». L’ensemble de ces articles codifient les devoirs généraux des médecins et déterminent notamment leurs rapports entre eux et avec les autres professionnels de santé.

Nous les avons consultés, ils précisent par exemple : « tout médecin doit s’abstenir de tout acte de nature à déconsidérer sa profession », « les médecins doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité. Un médecin qui a un différend avec un confrère doit rechercher une conciliation », ou encore « le médecin partage ses connaissances avec les étudiants et internes dans un esprit de compagnonnage, de considération et de respect mutuel ».

Au CHU Dijon Bourgogne, beaucoup ont préféré garder le silence au moment d’évoquer la suspension du professeur. Mais les sources qui ont accepté de nous parler évoquent des « violences verbales régulières ». « Il a pris la grosse tête parce qu’il avait du pouvoir », nous confie une personne sous couvert d’anonymat. « Il était tout le temps en colère. Personne ne pouvait le voir », raconte un autre professionnel de santé. « C’est une affaire dont on parle pas mal chez les médecins. Ça fait jaser… », souffle un praticien.

Selon nos informations, une plainte avait déjà été déposée au parquet de Dijon en 2021 à l’encontre du professeur pour des faits de harcèlement. Mais l’affaire avait été classée sans suite, faute d’infraction caractérisée.

De son côté, le CHU n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, prenant « acte des mesures prises concernant ce praticien » et évoquant le fait que « des procédures sont toujours en cours ». Le cardiologue a en effet formé un pourvoi en cassation contre l’interdiction d’exercice de la médecine. C’est le Conseil d’État qui instruit l’affaire. La procédure ne suspend pas la peine. Le professeur doit donc toujours respecter la sanction prononcée par l’Ordre des médecins.

Au-delà de la suspension pour harcèlement moral et violences verbales, certaines sources nous ont également parlé d’une erreur médicale dans laquelle le cardiologue serait impliqué.

Le professeur aurait ainsi confié une intervention à l’un de ses internes, mais aurait rapidement quitté le bloc opératoire, laissant l’interne aux manettes. Ce dernier a alors dû réaliser des manipulations qu’il n’avait pas étudiées et aurait commis une erreur. Avec des conséquences lourdes pour le patient, qui est désormais dans un état de fort handicap.

La peine ne sanctionne pas des erreurs médicales mais des manquements déontologiques

Chambre nationale de l’Ordre des médecins

Cette personne, accompagnée depuis les faits par plusieurs avocats, n’a, pour l’heure, pas souhaité témoigner. Le Conseil de l’ordre des médecins de Côte-d’Or nous précise par ailleurs que la suspension prononcée à l’égard du cardiologue « ne sanctionne pas des erreurs médicales ».

Pour rappel, tout interne a le statut d’agent public. En cas de faute, la responsabilité administrative de l’hôpital est engagée et il devra réparer le préjudice causé par l’interne au patient. Dans certains cas, les praticiens qui ont participé aux soins et accompagné l’interne peuvent être impliqués dans la procédure, auxquels cas ils doivent répondre de leurs propres fautes.

Contacté, le cardiologue n’a pas répondu à nos sollicitations.

L’équipe mutualite55.fr vous offre ce texte qui parle de « Défense des patients ». mutualite55.fr est blog numérique qui présente diverses informations publiées sur le net dont le sujet central est « Défense des patients ». Ce post est reconstitué du mieux possible. S’il arrivait que vous projetez de mettre à disposition des informations complémentaires à cet article sur le sujet « Défense des patients » vous pouvez écrire aux coordonnées fournies sur notre site. Consultez notre site internet mutualite55.fr et nos réseaux sociaux dans le but d’être renseigné des futures communications.