Michael McDowell, Olivier Frébourg et Leonardo Padura : les livres à ne pas manquer

Les Aiguilles d’or

Par Michael McDowell, trad. de l’américain par Jean Szlamowicz.

Monsieur Toussaint Louverture, 520 p., 12,90 €.

La note de L’Express : 3/5

3771 LIBRAIRIE COUV

Les Aiguilles d’or
Par Michael McDowell, trad. de l’américain par Jean Szlamowicz.

© / Monsieur Toussaint Louverture

Difficile de ne pas succomber à la tentation. Après le succès fou de la saga Blackwater de Michael McDowell (1950-1999), publiée en six tomes au printemps 2022, les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont décidé de traduire cinq autres des grands romans de l’Américain graphomane d’ici à 2025, à commencer par Les Aiguilles d’or, datant de 1980. Le tout, sur le même principe d’un ouvrage au format poche à petit prix (ici 12,90 € pour 520 pages) et à la couverture délicieusement surannée conçue par Pedro Oyarbide (« avec à l’esprit une sorte de Dickens sombre et clinquant »). Après l’histoire à rebondissements du clan des Caskey, riches propriétaires terriens d’une bourgade fictive de l’Alabama, se déroulant de 1919 à 1969, voici celle de deux autres clans, très urbains ceux-là. Soit une plongée trépidante dans les tréfonds du New York de l’an de grâce 1882, contrôlée par les Démocrates, aussi misérable qu’opulente selon les quartiers.

Entre Canal et Bleecker, zone baptisée « le triangle noir », ce sont les Shanks qui règnent, une lignée de femmes au pedigree haut en couleur : receleuse, avorteuse, trafiquante de papiers, voleuse… Côté huppé, vers la Quatrième avenue et Madison square, place aux Stallworth, farouches Républicains, comptant en leur sein un juge austère et implacable, une fille bien-pensante, un fils pasteur de l’Eglise presbytérienne, un gendre avocat… Les mauvais et les bons ? Non, tous méprisables (à deux exceptions près) ; point de salut non plus du côté des policiers et politiciens, adeptes dans leur grande majorité des pots-de-vin et autres compromissions. Quant à la presse, elle ne se distingue pas par son objectivité. Ce qui rend ce roman-feuilleton si éminemment sympathique, c’est bien cette facture « affreux, sales et méchants » rehaussée par la confrontation entre ces deux mondes qui n’auraient jamais dû se recouper. On se délecte aussi du luxe de détails fournis par un McDowell hugolien, et on se félicite de n’être pas né à la fin du XIXe dans cette Grosse Pomme un rien avariée. Marianne Payot

Frère unique

par Olivier Frébourg.

Mercure de France, 208 p., 19,80 €.

La note de L’Express : 3/5

3771 LIBRAIRIE COUV

Frère unique
par Olivier Frébourg.

© / Mercure de France

Que faire lorsqu’on a perdu un frère, son héros, et qu’on est éditeur ? Pleurer et écrire. C’est ce à quoi s’est employé Olivier Frébourg, patron des éditions de l’Equateur, et aussi et surtout petit frère unique de Thierry, mort à 60 ans, le 13 mars 2021. Une mort stupide, due à une erreur médicale, la mauvaise ablation d’un cathéter planté dans la jugulaire provoquant une embolie gazeuse. Une tragédie, et un comble pour ce « saint de la médecine », brillant professeur agrégé qui aura consacré près de trente ans de sa vie à ce CHU Charles-Nicolle de Rouen, voguant inlassablement de son laboratoire de génétique à son service de consultation. Inconsolable, Olivier raconte les années heureuses, l’âge d’or du long séjour de 1969-1972 de la famille Frébourg en Martinique – le père, commandant de marine a été nommé capitaine d’armement à Fort-de-France – puis l’adolescence dans la chaleureuse maison de Dieppe avant l’envol vers Paris. Et toujours, Thierry, son aîné de cinq ans, de jouer à la perfection son rôle de garde-fou, de veilleur.

Après le 13 mars, après l’absence de condoléances et d’enquête sérieuse en provenance de l’hôpital, l’auteur n’a plus qu’une pensée : venger son frère, « soulever le bloc de béton recouvrant la vérité sur les circonstances de sa mort », obtenir des excuses publiques. Et ce faisant, convoquant Hemingway, Poussin, Loti, Hugo, il livre un merveilleux hymne à la fratrie, à ce frère tant admiré et aimé : « Il était le soleil. J’étais la lune. » M. P.

Ouragans tropicaux

Par Leonardo Padura, trad. de l’espagnol (Cuba) par René Solis.

Métailié, 496 P., 23,50 €.

La note de L’Express : 4/5

3771 LIBRAIRIE COUV

Ouragans tropicaux
Par Leonardo Padura, trad. de l’espagnol (Cuba) par René Solis.
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© / Métailié

A Cuba, en ce printemps 2016, les choses semblent sur le point de changer, enfin. Barack Obama doit arriver sur l’île dans quelques jours, et les Rolling Stones ne devraient plus tarder à suivre. Guère de quoi susciter l’enthousiasme de l’ancien flic Mario Conde, sceptique devant l’éternel qui, comme l’immense partie de ces concitoyens, vit à la petite semaine, en l’occurrence en vigile dans un bar à la mode où les touristes claquent l’équivalent de son salaire mensuel pour une bouteille de champagne. Par amitié pour un ancien collègue, Conde accepte de prêter main-forte à une enquête : le corps d’un certain Reynaldo Quevedo a été retrouvé dans son luxueux appartement, amputé de trois doigts et de son membre viril. Quevedo n’a rien d’un inconnu, c’est un ancien sbire du régime qui a mis à genoux des décennies durant les artistes de l’île et s’est accaparé leurs œuvres. Autant dire que les assassins putatifs ne manquent pas.

Pour la dixième enquête de son détective, Leonardo Padura a mis les bouchées doubles, de façon littérale. A cette première histoire, l’auteur cubain superpose en effet une autre intrigue, située plus d’un siècle auparavant, lorsque La Havane se rêvait en Nice des Amériques, une affaire de meurtres de prostituées sur fond de rivalités entre proxénètes français et locaux. Au fil de ces deux récits qui finiront par se rencontrer, Padura pointe les turpitudes d’une île ayant broyé ses habitants sur plusieurs générations, une terre qui aurait pu être un pays de cocagne si les vents de l’Histoire ne l’avaient constamment balayée d’un souffle funeste. Bertrand Bouard

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