TÉMOIGNAGE. « Ils ont gâché ma vie… » Hémiplégique après une erreur médicale, elle obtient 600 000 euros

l’essentiel La vie de Naïs a basculé en 2017 après une erreur médicale de l’hôpital d’Albi. Désormais hémiplégique et avec de lourdes séquelles, elle vient d’obtenir gain de cause auprès du tribunal administratif de Toulouse.

L’élocution est saccadée, le visage partiellement paralysé. Pourtant Naïs, 41 ans, trouve les mots et le courage pour raconter sa vie, celle qui n’est plus la même depuis ce jour de mars 2017. Alors qu’elle travaille comme ATSEM dans une école albigeoise, elle fait un malaise. Les pompiers la prennent en charge et posent rapidement un diagnostic : maux de tête, raideur de la nuque, crispation de la bouche, doigts engourdis, intolérance à la lumière… les symptômes sont graves.

Naïs est conduite aux urgences de l’hôpital d’Albi où on lui donne une ordonnance de doliprane et lui conseille de rentrer chez elle. Quelques jours plus tard, elle s’effondre dans sa maison. Naïs est victime d’une hémorragie méningée. En état de mort clinique, elle est amenée à l’hôpital d’Albi puis transférée au CHU de Purpan à Toulouse où se pose la question de l’opération. Compte tenu de son âge, les médecins décident de l’opérer. Après un mois aux soins intensifs et une année dans un centre de rééducation, Naïs est sauvée.

600 000 euros et une rente à vie

Mais à quel prix ? Les séquelles sont traumatisantes : trouble de la mémoire et de l’adaptation, syndrome frontal… « Je suis hémiplégique, j’ai perdu l’usage du bras gauche, je ne marche quasiment plus, je suis appareillée, souligne-t-elle. Avant, j’étais indépendante, avec un compagnon. J’avais trouvé le métier qui me plaisait auprès des enfants. Ils ont gâché ma vie. »

Ils, c’est l’hôpital d’Albi qui vient d’être condamné par le tribunal administratif de Toulouse pour erreur médicale. « Si un scanner avait été réalisé la première fois aux urgences d’Albi, les médecins auraient pu déceler les symptômes de l’hémorragie méningée, explique Me Emeline Petitgirard, avocate de la victime. Naïs ne redeviendra jamais comme avant. Après plusieurs années de combat, la procédure a montré qu’il y avait eu une erreur de diagnostic. »

Le tribunal administratif de Toulouse a donné raison à la victime.
Le tribunal administratif de Toulouse a donné raison à la victime. DDM – Marie-Pierre Volle

Fin février, le tribunal administratif a donc octroyé à Naïs près de 600 000 euros et une rente trimestrielle de 7 000 euros jusqu’à la fin de sa vie. « Nous avons également déposé plainte au pénal et un juge d’instruction Albi a décidé l’ouverture d’une information judiciaire pour mise en danger », rajoute Me Petitgirard.

« Mon frère a mis sa vie de côté pour moi »

« Je suis déterminée, il faut que la justice soit forte, avance Naïs. Avant j’avais une vie sociale, j’adorais sortir en boîte avec mes copines… Aujourd’hui, tout ça est fini. Je ne peux plus sortir seule, j’ai perdu le sens de l’orientation. Je reste dedans, à regarder la télé, entre les rendez-vous médicaux et les auxiliaires de vie. Je vis chez mon frère qui s’occupe de tout, il a mis sa vie de côté pour moi. »

Sa maman est aussi là, toutes les semaines pour s’occuper d’elle quand son frère n’est pas disponible. « Plus rien ne sera comme avant et même si c’est très difficile, je sais que je ne suis pas toute seule, conclut Naïs. Ma famille m’a sauvée. Mais je suis très en colère contre l’hôpital d’Albi, ma vie est gâchée. Il faut qu’ils payent. »

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