Des médecins français ont testé l’efficacité de l’hydrocortisone, dans les cas très graves de pneumonies. Avec des résultats très positifs à la clé : deux fois moins de décès.
Les corticoïdes (appelés en langage commun cortisone) sont des médicaments anti-inflammatoires puissants mais que les médecins manient avec précaution dans les maladies infectieuses de peur de les faire flamber. D’où l’intérêt des résultats d’un essai clinique récent – et mené en France, au CHRU de Tours – visant à évaluer l’intérêt de l’un d’eux, l’hydrocortisone, pour des malades atteints de formes très sévères de pneumonies, hospitalisés en soins intensifs.
Chez ces patients de réanimation, la mortalité a été divisée par deux dans le groupe traité par hydrocortisone (6,2 % de décès) par rapport au groupe qui ne l’était pas (11,9 %). Autre signe positif : pour ceux qui n’étaient pas sous oxygène, la prise d’hydrocortisone semble aussi avoir réduit le nombre de malades ayant eu besoin d’une ventilation mécanique (signe d’une aggravation de leur état). Du côté des effets indésirables, les médecins n’ont pas constaté un surplus d’infections acquises à l’hôpital, écartant ainsi une de leur principale crainte. Ces résultats ont été publiés fin mai dans le New England Journal of Medicine, l’un des plus importants journaux médicaux internationaux.
12 000 morts par an en France
Quelques mois plus tôt, un autre essai clinique mené aux États-Unis avait donné des résultats beaucoup moins positifs : aucune différence significative de mortalité n’était apparue entre les malades traités par corticoïde et les autres. Mais il s’agissait d’une autre molécule (la méthylprednisolone) et elle était administrée plus tardivement : le traitement débutait dans les 96 heures tandis qu’en France il débutait dans les 24 heures.
C’est donc le traitement précoce par hydrocortisone qui devrait, à l’avenir, être adopté pour améliorer la survie des patients atteints de pneumonie, en réanimation. Il faut savoir que celle-ci est la première cause de décès par maladie infectieuse, avec 12 000 morts par an en France chez les plus de 65 ans.
Ces infections du poumon peuvent être bactériennes (pneumocoque), virales (grippe, Covid-19), virales surinfectées par une bactérie (grippe et staphylocoque, par exemple). Dans l’essai, les patients atteints de grippe ont été exclus, car les corticoïdes sont suspectés d’aggraver la maladie en baissant les défenses immunitaires. En cas de Covid en revanche, il a été démontré au cours de l’épidémie que d’autres corticoïdes (la dexaméthasone) étaient bénéfiques pour les patients atteints de forme grave (nécessitant une oxygénothérapie).
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